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Coccinelle et Clémentine
16 octobre 2005

Page d'écriture

Tout à l'heure, j'ai retrouvé mon vieux stylo-plume bleu. Ca m'a fait bizarre de le revoir. Enfin je veux dire, il était probablement dans ce pot à crayons depuis que je suis à Paris, mais je ne l'avais pas vu depuis des lustres. Je l'ai pris, j'ai enlevé la poussière qu'il y avait dessus, je l'ai ouvert, j'ai reconnu sa plume usée et un peu mal emboîtée, à cause des multiples opérations que je lui avais infligées (rinçages, déboîtage puis remontage sur un autre corps de stylo...). La cartouche était vide, je l'ai enlevée, et je suis allée passé la plume sous l'eau, pour enlever l'encre sèche. Ce geste que j'avais fait si souvent, si mécanique. Je l'ai essuyé dans du sopalin, pour enlever toute l'eau et éviter que l'encre soit délavée. J'ai mis une cartouche neuve - heureusement, il y a 5 ou 6 ans j'avais acheté un lot de genre 20 cartouches bleues Waterman, sans savoir que j'arrêterais d'écrire au stylo-plume. J'ai commencé à écrire, et puis là, ben, ça m'a fait vraiment bizarre.
Faut dire que j'ai écrit avec ce truc depuis la 4ème à peu près. Là, je me suis mise à penser à tout ce que ce stylo avait pu voir, les lettres de vingt pages à B., le brevet, les poèmes à la con, les rédactions où j'imitais l'écriture de cette pute d'Audrey parce qu'à l'époque j'étais fascinée par elle, les lettres à Jérôme en seconde, les devoirs de maths, les versions de latin, le bac, les quelques jours de prépa aussi probablement. C'est en arrivant à la fac que j'ai été obligée d'écrire plus vite et donc beaucoup moins lisible, surtout avec une plume large comme celle-ci, et que j'ai commencé la longue et perpétuelle recherche du stylo noir qui glisse vite et bien. Après j'ai arrêté la fac pendant 3 ans et j'ai quasiment plus écrit, ou alors avec ce que j'avais sous la main, peu importait. Mais ce stylo, je ne l'ai jamais jeté, trop de souvenirs, et trop envie de le retrouver, un jour.
Et puis en continuant à écrire un peu avec, je me suis rappelée alors l'autre raison qui m'avait poussée à l'abandonner dans son pot-à-crayon-boîte-de-parmesan. Il ne marche quasiment plus. Au bout de quelques lignes, l'encre se coince, ne coule plus, il faut le secouer tête en bas pour qu'elle revienne. Je me suis souvenue des moments d'énervement que ça me procurait pendant les premiers temps à la fac, et puis mes petits mouvements de poignets, toutes les deux secondes, qui étaient devenus une habitude.

Du coup je vais le refoutre dans son pot et il n'en sortira peut-être quasiment plus jamais.

C'est con, cette manie que j'ai de toujours embellir certains trucs du passé. Alors qu'au fond tout serait bon à balancer.
Et c'est con aussi cette manie que j'ai de ne jamais rien balancer. Juste pour pouvoir avoir ces putains de revivals de madeleine à deux balles.

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