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Coccinelle et Clémentine
9 mai 2009

On ne connaît plus les parents des copains

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Rural school children, San Augustine County, Texas (@Library of Congress)

Quand on était petits, et qu'on voulait appeler une copine (ou un copain, mais ça arrivait quand même très rarement), il y avait tout un tas de difficultés et d'épreuves à traverser.
D'abord, si c'était pour une conversation privée, où on risquait de dire des choses que maman ou papa ne pouvaient pas entendre, il fallait aller dans une cabine. A pièces. Trouver donc un prétexte pour sortir. Au centre-ville.
Une fois là-bas, il valait mieux connaître le numéro par cœur. Sinon, tu te retrouvais à appeler le 12 et à noter les renseignements de ta main gauche sur un papier graisseux.
Quand tu appelais, il y avait peu de chance que ce soit ta copine qui décroche. Il fallait donc identifier ton interlocuteur, et c'était d'autant plus ardu que ta copine avait deux petits frères à la voix encore fluette, et que, une fois sur deux, ça ne loupait pas : "Allô Mme Florin ?" "Non, c'est François".
Mais en général, tu tombais sur la maman (plus rarement le papa), tu devais paraître aimable et fréquentable, polie, sans pour autant perdre trop de temps.
Parfois évidemment tu n'avais plus de pièces et tout dépendait de si tu avais eu le temps de donner le numéro de la cabine à ta copine, et là tu attendais la sonnerie stridente, alors qu'une mémé revêche attendait à l'extérieur, avec un air à t'envoyer à la maison de redressement dans la minute.

Vers la fin du mois, il fallait essuyer les engueulades liées à la note de téléphone, et, le mois suivant, redoubler d'ingéniosité pour pouvoir se parler sans avoir le père Florin, derrière, au chambranle de la porte, en train d'engueuler ta copine et de la sommer de raccrocher.

Le soir parfois quand on se voyait alors, on imaginait des stratagèmes qui pourraient rendre possibles des communications privées, où on pourrait se parler à n'importe quelle heure et sans intermédiaire.
On reliait des gobelets en plastique par des ficelles et on se parlait dedans, émerveillées et pensant avoir trouvé la solution du siècle, avant de se rendre compte qu'effectivement, d'une maison à l'autre, ça devenait compliqué.

Les petits d'aujourd'hui ont mille solutions, du texto au portable en passant par msn.
Mais mine de rien, je ne regrette pas complètement cette époque. Quand tu appelais avec le trac de tomber sur Mme Pouscul qui faisait un peu peur, quand tu allais à des goûters d'anniversaire sous la houlette de Mme Dubois, que tes parents s'arrangeaient avec les Pommier pour que ce soient eux qui aillent te chercher ce jour-là à l'école, et qu'il fallait passer tout un trajet en voiture avec eux...
Connaître les parents des copains, parfois, ça ouvrait une réelle fenêtre de compréhension. C'était normal qu'Aline soit aussi bizarre, avec les parents amish qu'elle avait. C'était normal que Fleur soit aussi gentille et aussi humble, avec les parents adorables mais pauvres à la Ingalls qu'elle avait. C'était normal que Mathieu soit un petit con avec ses parents chirurgiens catho famille nombreuse avec piscine et serre-tête.

Aujourd'hui les copains que je me fais, je ne connais pas leurs parents. Soit ils en sont loin, soit on ne les voit pas. Parce que maintenant, ce sont eux les adultes. Et franchement ça me manque. Quand par hasard je rencontre les parents d'un ami "de l'âge adulte", je suis fascinée. La ressemblance. Tous les indices qui t'expliquent tellement de trucs sur le comportement de leur enfant. Et puis, je ne sais pas. L'impression d'être plus proches. Il y a des gens dont les problèmes et les "défauts" peuvent s'expliquer et se justifier par un seul coup d'œil sur leurs parents. Alors bien sûr, il y a aussi tous ceux qui sont bien contents de ne plus avoir l'ombre de leurs parents sur leur vie, pour des raisons diverses. Moi, quand j'ai déménagé de ma petite ville pour ma ville universitaire, tout à coup ça m'a fait bizarre, de ne plus être reconnue partout comme la fille de M. et Mme K. Au départ, j'ai ressenti une certaine liberté. Je pouvais ENFIN faire des conneries, sécher les cours, sans m'attirer la morale de mes profs. Et puis à force, ça m'a manqué. Désormais c'est fini, je suis encore plus loin. Mais ça me manque.

Ce mélange de honte totale et de fierté, d'appartenance, qui se produit quand tes copains rencontrent tes parents.

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Commentaires
S
@Josaudio: Je doute que tu voies mes cheveux en l'état, de toutes façons c'est quasiment disparu déjà...<br /> <br /> @Noony: oui, ce sont des histoires de petite provinciale de classe moyenne !<br /> <br /> @Mélanie: oui, c'est le problème. J'en faisais des "maison" de temps en temps, là j'ai choisi la voie de la coiffeuse en espérant que ça dure plus longtemps... et en fait non. C'est bien dommage.
M
Le roux est un bon choix (j'y pensais depuis longtps et je l'ai fait, je n'ai pas regretté (mais là je suis revenue au naturel car ma CB n'aimait pas aller chez le coiffeur tous les mois))
N
J'aime beaucoup les histoires que tu raconte en début d'article... mais je n'ai jamais connu ces histoires de cabine téléphonique.
J
J'y pensais il y a peu, vu que j'ai pas mal d'amis qui sont devenus des parents. C'est tellement vrai ce que tu dis, le karma se transmet de génération en génération mais on a toujours la possibilité de faire évoluer les choses.<br /> J'ai hâte de voir tes cheveux! (C'est important les cheveux, même pour une fille ^^)
T
LOL faut pas pousser non plus. Et puis c'est différent, ce sont pas des parents de copains juste comme ça quoi... hum...<br /> <br /> Pour le roux on voyait moins bien qu'en live mais un peu quand même!
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