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Coccinelle et Clémentine
20 décembre 2008

Ce mois de décembre a été plein de premières

sanguine

Ce mois de décembre a été plein de premières fois, un premier prix pour un gâteau fait de mes mains, si on m'avait dit ça un jour j'aurais bien rigolé, une lessive dans une laverie, qui aurait été marrante à raconter mais maintenant c'est trop tard, et puis une visite aux urgences la semaine dernière. Peut-être d'autres, que j'oublie ?
Une semaine plus tard mon bras est vaguement plus mobile mais je n'y peux rien, quand mon corps casse ou cède j'ai tendance à me désespérer assez vite, à vouloir remonter le temps et à souhaiter très fort ne pas avoir posé le pied à cette soirée. Je l'ai peut-être déjà dit, mais si un jour j'ai une maladie grave je sais que je ne serai pas de ceux qui guérissent grâce à leur moral d'acier. Je serai morte d'avance.

Je suis fatiguée des masques qui m'entourent, soit je ne reconnais plus les gens, soit je ne les reconnais que trop bien, non pas eux-mêmes, à qui je n'ai jamais accès ou presque, mais cette figure superficielle qu'ils veulent bien afficher, je ne sais pas si c'est un bouclier ou juste un déguisement d'apparat, mais je suis fatiguée d'entendre les mêmes paroles, de prévoir à quel moment quelle blague sera faite, et de sentir un ennui incommensurable devant le même défilé qui m'a peut-être amusée une fois, deux fois, trois fois. Évidemment ma première pensée est que le problème vient de moi, jusqu'à ce que. Non. Ou pas seulement.

Beaucoup de gens semblent avoir du mal à suivre mes péripéties de l'année, et je les comprends, ça n'a rien d'évident. J'ai quitté Laïonne début décembre pour commencer mon stage d'un mois à Paris, à l'Etablissement, sur mon futur poste, et je l'ai beaucoup répété, aux uns, aux autres, cet emploi du temps haché. Certains, bizarrement, s'en souviennent sans problème.
Les autres s'en foutent et à vrai dire je n'en attends pas plus.

Mon arrivée dans mon nouveau lieu de travail se fait très normalement, un bras en moins maintenant, mais ça fait au moins un sujet de conversation permanent. Je craignais un peu ce début, cette entrée en matière, dans ce qui s'apparente plus à une entreprise qu'à toutes les bibliothèques que j'ai pu connaître auparavant. Je craignais surtout ces premiers temps avec les personnes que je vais être amenée à encadrer, une dizaine de bibliothécaires aguerris qui connaissent leur travail sur le bout des doigts et qui sont bien sûr tous largement mes aînés.
Finalement - c'est comme quand ma maman m'expliquait que la grosse araignée noire avait plus peur de moi que moi d'elle - je m'aperçois peu à peu qu'ils sont tout aussi, voire plus, craintifs que moi, et je m'amuse des efforts de certains d'entre eux, déjà, pour se faire bien voir de leur future chef, pour me montrer la qualité de leurs démarches professionnelles.
Je prends des notes sur un carnet vertical.
Je porte des chemisiers parce que pour l'instant je ne peux rien enfiler d'autre.
Jour après jour je prends la mesure de mes pas dans cette nouvelle vie, ça n'a plus rien à voir avec ce que j'ai fait pendant un an et demi, ni avec ce que mes supérieurs d'alors faisaient. C'est un autre monde.
Encore une fois, je suis maintenant de plus en plus rodée à expliquer - à ceux qui le veulent - en quoi consiste mon futur travail ; je ne sais toujours pas si je suis compréhensible. Et là encore, il y a ceux qui écoutent, et ceux qui me poseront à nouveau la question dans 2 semaines, et ceux qui ne me la poseront jamais.
Ils s'en foutent et à vrai dire je n'en attends pas plus.

Il y a des jours où j'ai, probablement, une meilleure opinion de moi-même, mais il faut bien avouer que 80% du temps, je pense, le plus sincèrement du monde, être une créature complètement inintéressante, oubliée aussitôt vue. Il m'est très difficile d'entendre le contraire, tout comme il m'est difficile de me persuader que l'amour que me porte mon amoureux est aussi fort et éternel qu'il veut bien me le dire. J'ai bien conscience de le blesser quand, visiblement, je n'arrive pas à y croire complètement, mais c'est une des choses contre lesquelles je ne peux rien. L'anneau n'a rien changé...
Alors, lorsqu'en face, de la part de vagues copains ou d'inconnus dans le bus qui me bousculent, moi et mon bras écharpé, je me heurte à une indifférence ou à un simple non-intérêt, cela me blesse comme mille morceaux de verre, mais ne fait que me confirmer ce que je redoute au plus profond : tout le monde s'en fout et je n'ai pas à en attendre plus.

Évidemment le plus troublant est forcément ce qui arrive, en miroir, à ma sœur, elle qui a cru les mots de son amoureux, qui a baissé la garde, qui s'est laissée bercer par des mots alors que les actes ne suivaient pas. Avec le recul bien sûr elle n'arrive pas à comprendre comment elle a pu être aussi naïve, mais le peut-on sur le moment ? Voilà ce que je crains le plus au monde, voilà ce qui me maintient dans une instabilité et un questionnement permanents. Mais je crois que je ne saurais pas être autrement, peut-être, je ne sais pas, que j'ai toujours vécu avec une menace au loin et que je ne sais plus faire sans.

Je réfléchis au mal que je pourrais faire à cet abruti qui a gâché tant de temps dans la vie déjà chaotique de ma grande sœur. Je cherche, quelque chose de violent, quelque chose qui ne la mette pas en cause elle, quelque chose qui ne me cause pas d'ennuis à moi. J'en viens à la conclusion qu'il est difficile de faire réellement du mal à quelqu'un sans frôler ou embrasser l'illégalité. Mais je trouverai bien, au moins un petit quelque chose, contre ce cinquantenaire à l'allure d'un adolescent des eighties coiffé d'un balai à chiottes peroxydé. Ils ont défilé, les connards, dans la vie de ma sœur, parfois je me dis qu'elle s'y précipite, ce n'est pas possible autrement, mais est-ce que ça les excuse ? Pas du tout. Ma sœur est, contrairement à moi, une vraie fille, de celles qui peuvent parler entre elles, à base de "les mecs sont tous des cons", et autres clichés à dent dure. Parce qu'effectivement, elle n'a fait que croiser le chemin de ce genre d'hommes et doit probablement être persuadée qu'ils sont tous comme ça.

A côté bien sûr je culpabilise. D'être si chanceuse aujourd'hui et de n'avoir eu sur mon chemin que quelques pauvres types par-ci par-là, des pauvres types, plus que des sales cons. Ils font du dégât aussi, mais c'est moins dur de s'en sortir, je crois.

- Sonner chez lui, le voir ouvrir la porte avec l'air étonné, lui enfoncer l'aiguille d'une seringue dans la carotide, l'attacher inanimé sur une table et l'emballer dans du plastique comme un jambon, lui planter un couteau de boucher dans le cœur après l'avoir forcé à faire face à sa lâcheté. -

La saison 3 de Dexter s'est terminée comme elle s'est déroulée. La saison a démarré avec un retard incroyable, délayant l'intrigue avec Miguel jusqu'à l'épisode 8, formidable, mais qui aurait dû intervenir au moins trois ou quatre semaines plus tôt. S'en sont suivis une poignée d'épisodes époustouflants (le 10 et le 11, fantastiques), et puis, voilà, on se retrouve à la fin de l'avant-dernier épisode avec trop de nœuds à délier, on espère quelque chose d'intense, mais non, tout se contente de se déliter. Rien de mauvais, mais une écriture un peu médiocre et des rebondissements presque bâclés. Ça reste bien, mais forcément décevant, forcément loin de la charge charnelle des deux premières saisons. A l'image du serial killer 'fil rouge', on reste à la surface de la peau. Les corps ne sont plus là, ou si peu.
Jennifer Carpenter est néanmoins de plus en plus à l'aise et de plus en plus attachante dans le rôle de Deb, par exemple bouleversante en jeune femme déstabilisée qui apprend que son défunt père n'était pas l'homme parfait qu'elle avait imaginé et sur lequel elle bâti tous ses principes, face auquel elle était incapable de se pardonner ses échecs, ses erreurs, ses errements. Il y a évidemment dans cette instabilité permanente et ce manque de repères paternels quelque chose qui me touche particulièrement.

Je me suis souvent demandée comment faisaient ces gens qui n'ont jamais aucun souci, dont la vie file droit comme une partition de Diabelli. Ces gens en général vous fuient dès que vous répondez autre chose que "Ouais, super" à leur "Ça va ?" Ces gens n'ont jamais rien à dire, même s'ils parlent beaucoup, et souvent noient leur vide dans une joie artificielle et des rires forcés. Aujourd'hui pour l'instant je suis rentrée dans leur jeu, mais je ne sais pas combien de temps je réussirai encore à simuler, et, comme Dexter, à sourire pendant qu'une voix-off envahit ma bande-son.

Masuka (présentant la soirée d'enterrement de vie de garçon de Dexter) : Premium alcohol, all-you-can-eat buffet, plus high class adult entertainment.
Dexter (off) : Kill me now...

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