Que c'est laid, tous ces chiffres, tout de même (7)
Et tellement angoissant.
Quelle idée.
Quelle idée aussi, un post par jour, au départ c'est parce que c'est agréable pour moi, plus tard, d'avoir une trace de tout ce que j'oublie.
Mais au fond, c'est une trace assez partielle, assez distordue, puisque bien sûr mes journées ne se contiennent pas dans ces petites dizaines de mots hasardeux tapés dans une fin de journée fatiguée.
Je n'ai pas pu parler, hier, par exemple, de la lumière de l'automne, inclinée, celle qui me faisait prendre une table de camping pour la poser au milieu du jardin, avec mon dictionnaire de latin et le gros transistor de ma soeur, pour faire mes devoirs dehors, jusqu'à ce qu'il fasse un peu sombre, tout en prenant les augures. Pour prendre les augures, c'est très simple, vous posez une question, puis vous observez le ciel : si les oiseaux qui passent viennent de la gauche (sinistra), la réponse est négative ; s'ils viennent de la droite, c'est positif.
Je n'ai pas parlé non plus de cette question très importante que je me suis posée hier, à savoir : quelle est la probabilité que je touche un même livre deux fois dans la même journée ? (Les nouveautés ne comptent pas, puisqu'on les met en présentation dès qu'elles rentrent et qu'elles ressortent en général dans l'heure qui suit). Elle est assez faible. Hier, c'est pourtant arrivé, avec Le Voyage d'Anna Blume de Paul Auster.
Parfois, je choisis des livres pour les mettre sur une petite table de présentation en bas, des livres que j'aime bien, ou parfois juste des livres dont les titres, les couvertures, les auteurs m'inspirent. Parfois, je suis au prêt et je vois qu'un de mes élus a été choisi. Je suis fière. Je regarde qui l'a choisi et je ressens tout de suite de la sympathie pour cette personne, une sorte d'affinité ; je me dis que nous partageons un élan, un élan commun pour ce livre en particulier. C'est quelque chose d'anodin mais de tellement fragile que ça me semble immense. Parfois je parle. Parfois non. Parfois non.
Parfois, le livre reste sur la table pendant des jours et des jours, rien n'y fait, personne n'en veut.
Aujourd'hui, je me suis résolu à remettre en rayon Mourir pour Troie. Il faut croire que ça ne marche plus trop, de nos jours.
Plus personne ne prend les augures en regardant les oiseaux dans le ciel, je suppose.