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Coccinelle et Clémentine
28 février 2008

Coupure de courant.

En attendant que ça passe, mon eeePC et sa batterie sont ma seule distraction possible, sans internet bien sûr, vive le copier-coller.

Une journée, 3 entretiens, 3 points opposés de Paris, entrecoupés de temps de présence à l'Aquarium où tout ce qui m'était pénible me devient insupportable et tout ce qui m'était agréable me devient cher.

Le premier, celui que je voudrais le plus, ambiance chaleureuse et professionnelle, autour de mon CV rafraîchi pour l'occasion – depuis quelque temps j'en suis fière, de ce CV, je ne pensais pas ça possible. Elles savaient qu'elles étaient mon premier choix, mais je suis la première candidate qu'elles ont vue, alors comment savoir.
Je découvre alors que je suis en « compétition » avec Sandrine, une ancienne collègue, adorable au demeurant, mais professionnellement très molle, et un garçon, qui n'a pas donné signe de vie.

Deuxième entretien, petite bibliothèque inconnue. Quartier moyennement glamour. On m'y accueille néanmoins avec une chaleur familiale. Je découvre que Sandrine m'y a précédée. Elle a apparemment fait un portrait de moi très élogieux. Le poste qu'on me propose est en section jeunesse. J'essaie de donner très finement des contre-arguments en ma défaveur mais rien ne fonctionne. A chaque phrase que je prononce, leurs yeux s'illuminent d'étoiles. A chaque inconvénient et chaque manque de mon parcours que j'avance avec un faux embarras, elles répondent par des « mais non, justement ». La bibliothèque est rafraîchie, la signalétique agréable, les collègues absolument adorables. On se quitte dans les meilleurs termes, elles semblent espérer beaucoup. Le troisième candidat n'a toujours pas donné signe de vie. Tout se mélange dans ma tête.

Dernier entretien. Je connais de réputation l'homme (le seul de la journée) qui va me recevoir. Conservateur influent et respecté.
J'hésite encore. Puis je joue la carte de l'honnêteté. Je lui dis que je connais très bien la situation de cette bibliothèque dont il s'occupe temporairement, deux jours par semaine. Qu'aller volontairement dans une équipe à problèmes me semble assez suicidaire. Il sourit, fait ce qu'il doit faire, à savoir me dire que ces problèmes ne sont pas irrémédiables, me rassurer. Puis il me demande de lui décrire mon parcours. Je m'exécute. Il me suit avec entrain et conclut sur un « eh bien... parcours brillant » admiratif. Je pense à haute voix que, ça y est, tous ces virages à 180°, ces décisions fortes qui ont marqué ma vie d'adulte font enfin un dessin cohérent. Il ajoute que les éloges pleuvent à mon sujet, que je suis la star des candidates. Là encore Sandrine est passée avant moi ; qui sont les autres, je l'ignore. Peu à peu, la discussion se fait plus professionnelle mais aussi plus subtile. J'essaie de savoir la vérité. Ce que lui, avec son expérience, me conseille, en vrai. Il me titille en me disant que j'ai l'air d'une fille qui aime les challenges, que je devrais donc me lancer à l'épreuve du feu. Je lui rétorque que j'aspire aussi à une certaine paix.
Lui a réussi à contacter le troisième candidat, il le voit demain. Tous mes espoirs se portent en lui. Le candidat inconnu.
Nous finirons l'entretien sur divers sujets comme sa future bibliothèque, son fonds théâtre. Au moment de nous quitter, il me dit de ne pas donner mes vœux tout de suite, de laisser passer la nuit. Il ajoute « Faites ce choix pour vous. Soyez... égoïste. » Nous échangeons l'espoir de travailler ensemble dans l'avenir. Je ne sais pas comment prendre ses derniers conseils.

Je vais attendre que le courant revienne.

Laisser passer la nuit.

Retourner travailler demain et dire au revoir tout doucement, comme je sais si bien le faire. Me détacher de tout ce que j'aimais en prenant le temps, pour ne rien déchirer, comme quand on soulève une croûte millimètre par millimètre, pour ne pas que ça saigne.

Évidemment, en laissant la croûte en place, la cicatrisation sera bien meilleure. Mais là on ne me laisse pas trop le choix. Et puis c'est si agréable, d'enlever une croûte...

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Commentaires
N
Quel joli texte ma chère. C'est très beau tout ça, et très émouvant.
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