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Coccinelle et Clémentine
2 août 2007

Pas de titre, évidemment

Dès que j'ai posé le pied dehors ce matin j'ai su que c'était une journée moche.
Je me suis dit que ce serait bien, pour un billet ici, tous ces gens moches, cette grognasse à l'éventail, ce mec trop petit pour son costard, ce ciel moche, cette vieille moche. Que ce gentil chien ferait un joli moment d'émotion, surtout pour moi qui n'aime pas les chiens. Que ce trajet contrarié serait vraiment une chouette péripétie. Que la fin du cri déchirant résonant par erreur dans le combiné du téléphone de la bibliothèque serait le moment frisson. Et que Florent Pagny dans la radio de l'immeuble serait un achèvement.

Finalement ça ne passe pas.
Et je ne veux plus écrire quand ça ne passe pas. Pour qui, pour quoi. (Oui là on sent l'influence de Pagny. Ou alors est-ce le champion de poker, là.)

La vérité c'est que tout est moche quand tu sais que ta mère peut te mentir ou te cacher la vérité à un point inimaginable (enfin surtout quand tu as été élevé dans une sorte de terreur de la vérité) et quand tu prends conscience que vraiment pour de vrai tu ne peux pas compter sur ton père comme figure forte et comme point d'ancrage.

Je ne sais pas où est mon point d'ancrage, je ne sais pas si j'en ai eu un ? Je ne sais pas si on est censé en avoir un.

Si on s'était donné rendez-vous dans dix ans, moi et mon moi de 17 ans, ben je ne sais pas trop comment je réagirais. Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? et toutes ces conneries, eh ben... A 17 ans je ne me voyais sûrement pas comme ça. Mais je crois que je ne me voyais pas du tout. Professionnellement je veux dire. Sentimentalement j'étais persuadée que je serais foutue, puisque j'étais sûre d'avoir rencontré l'âme soeur et que - même si je ne savais pas qu'il était gay et lui non plus soi-disant - avec lui ce n'était pas possible et que donc ma vie privée serait pourrie. Sur ce plan-là, mon moi d'alors serait vachement fière de mon moi d'aujourd'hui. Elle n'en croirait pas ses yeux, elle serait émerveillée. Et je le suis, tous les jours, je ne le dis pas trop parce que c'est trop sucré et qu'il faut BOUGER et ne pas manger GRAS ni trop SUCRE.
Maintenant je peux bien vous l'avouer : je mange gras. Et sucré. Et je ne bouge que dans des cas extrêmes.

Tous ces gens qui se mettent à écrire me donnent envie, surtout quand par ailleurs on m'en parle. Tu devrais écrire. Je l'entends, une fois par jour ces temps-ci. Mais ça ne compte pas, pas vraiment, pas encore. Tous ces gens qui se mettent à écrire ou qui sont publiés ou qui vont l'être, ça me donne le vertige. Parce que je sais qu'on n'a pas tous quelque chose à dire. Ni un comment le dire. Alors moi dans tout ça, j'attends. Je laisse mûrir en méditant la fameuse citation de Rilke, en écoutant Michel Aumont la dire, si bien, sur la BO de Clara et moi.

Alors voilà, à quoi bon écrire quand ça ne passe pas, quand la vérité ne se trouve plus là où on l'a toujours attendue, tout ça je ne le sais pas.

Du coup depuis quelques jours je vais écrire ailleurs, parler de moi de manière plus claire mais aussi plus vide, ça me fait du bien je crois. Un peu de vide.

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Commentaires
S
"Merci" a toujours l'air un peu stupide dans ce genre de réponses, mais c'est toujours mieux que pas de merci du tout...
B
Je me dis souvent que cette vision trouble des deux prochaines années est un moyen de me protéger. Mais avec le temps, j'ai compris que les prochaines années sont troubles. Toujours. Alors écris, sans réfléchir, sans expliquer, sans te justifier, écris pour toi. Car tu le fais bien. Si si.
B
En tout cas ce que tu écris ici c'est toujours vraiment bien écrit et toujours parlant (personnellement).
N
Je te comprends que trop bien... Voici donc un commentaire de compassion *c'est presque conceptuel*.
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