Météo
Le temps est changeant alors les gens aiment en parler. "- Vous croyez qu'il va pleuvoir, Mademoiselle ?" Croit-elle vraiment que, parce que je suis derrière un bureau et qu'elle est devant, je connais la réponse ?
Croient-ils tous que j'ai lu les livres qu'ils me demandent, que je connais tous les noms propres qui leur sont familiers mais que, sur mon catalogue informatisé, je ne sais même pas orthographier ?
La nouvelle s'est répandue peu à peu, il y a celles qui débordent de joie pour moi, il y a la chef qui se contente d'un "Je ne vous ai pas encore félicitée" et là tu attends la suite mais la suite ne vient pas, faut pas déconner, il y a celle qui te raconte à quel point elle s'est plantée à l'oral, elle, et combien ça va être insurmontable comme épreuve, et que malgré mes qualités je ferais bien de me méfier, et il y a celle qui te dit qu'il n'y a pas grand-chose à réviser, et celle qui te félicite et qui enchaîne sur "Le problème maintenant c'est qu'il faut travailler".
L'an dernier à la même époque ou presque, je pensais que peut-être aujourd'hui je serais une vraie adulte qui ne va pas en cours et qui ne passe plus d'examens.
Evidemment du coup c'est un peu raté.
Et même si je suis loin d'avoir réussi encore, l'hypothèse que ça puisse se produire est à la fois effrayante et stimulante. Partir à Laïonne, même pour juste quelque temps, c'est à fois inquiétant (quitter tout, provisoirement mais quand même, et puis survivre à la distance) et excitant (une ville inconnue, une sorte de troisième salve de vie étudiante, une dernière parenthèse avant la vie d'adulte, son métier et sa famille).
J'ai, malgré tout, le chic pour réussir essentiellement ce dont je me fous. Alors pas sûr que cette fois ça marche.
Le temps est changeant alors ça explique sûrement pourquoi je suis malade. Sûrement.