The bitch is back
Les meilleurs d'entre vous me suivent depuis des mois, des années bientôt. Les meilleurs d'entre vous ont lu tous mes billets, depuis le début, même en arrivant sur le blog bien après sa création. Les meilleurs d'entre vous sont des fans silencieux qui vouent à ma personne un culte incommensurable. Les meilleurs d'entre vous m'envoient des fleurs et des dons par paypal pour pallier un peu le creux de mon compte en banque qui contient pourtant deux salaires d'un ministère que j'ai quitté et que je n'aurais pas dû toucher. (Les salaires, pas le ministère). Les meilleurs d'entre vous me connaissent comme une compagne de route, une amie, une soeur que vous n'avez jamais eu. Les meilleurs d'entre vous pleurent quand je n'ai pas posté depuis un jour une semaine un mois.
Mais surtout, les meilleurs d'entre vous se rappellent ma copine molle.
Et en plus de tout, les meilleurs des meilleurs d'entre vous s'inquiètent pour elle, se demandant ce qu'elle a bien pu devenir.
Eh bien, réjouissez-vous : elle est vivante.
Nos routes se sont largement séparées (car on ne peut pas dire qu'elles aient été un jour réellement rapprochées) principalement depuis que j'ai eu le CAPES et elle non.
Rappelons bien sûr au passage que son rêve est d'être prof, qu'elle survit avec une bourse et des allocations dans un pauvre appart' en passant son temps à réviser, alors que je n'en ai pas foutu une rame et que j'ai démissionné au bout de deux mois.
Rappelons aussi que pendant cette année de concours, alors que mon travail m'empêchait d'assister à certains cours, elle m'a pris des photocopies, prêté ses notes, prêté ses livres, filé ses traductions de grec, etc, etc.
Rappelons que j'ai toujours trouvé des prétextes pour que nous ne révisions pas ensemble avant les épreuves. Que j'ai refusé plusieurs fois d'aller dormir chez elle en banlieue pour aller voir tel ou tel spectable qui passait à proximité. Que je me suis faufilée bien des fois dans les amphis longtemps avant elle pour éviter qu'elle ne s'assoie à côté de moi.
Rappelons enfin qu'elle m'insupporte profondément, malgré ou à cause de sa profonde gentillesse et de sa bravitude. *yeah*
Néanmoins, comme tous les cathos bornés du cul comme certaines personnes dont la gentillesse déborde un peu trop, je pense que ma copine molle est, elle aussi, habitée par des pensées néfastes. Voire, que c'est une SALE CONNE.
Ainsi, le jour des résultats dudit CAPES, croyez-vous qu'elle m'aurait appelé pour me féliciter ? Que nenni. J'ai reçu un sms plat et morne (dont elle a le secret) que je ne vous recopierai pas non pas par un accès de morale mais parce que j'ai changé de téléphone entre-temps. Ça disait en gros "Salut. [ses mails/textos commencent toujours comme ça. Parfois c'est une virgule.] J'ai cru voir ton nom sur la liste [tout est dans le "j'ai cru voir"]. Je suis contente pour toi. [quelque chose dans le genre, mais pas exactement.]"
Bref est-ce que ça continuait sur une pseudo-invitation dans son taudis de boursière, je ne sais plus. M'enfin en tout cas, le bonheur des autres aurait dû lui suffire, et ce jour-là j'ai compris qu'elle n'était rien qu'une sale mesquine de plus, et que puisque c'est je ne la verrais plus jamais. Elle l'aurait bien cherché. Conne.
Et puis au mois de novembre, quand j'ai démissionné et que j'ai vu la pile de papiers que j'avais accumulés avec l'IUFM et tout ça, je me suis dit "A qui tout cela pourrait bien servir ?"
Et là, croyez-le ou pas, dans mon infinie bonté, j'ai pensé tout de suite à elle.
Tout comme les gens pensent tout de suite à la bibliothèque municipale quand ils ont de vieux bouquins moisis dans une cave à débarasser de magnifiques ouvrages rares que de toutes façons le service public, qui est fauché, sera bien content d'avoir.
Je lui ai envoyé un mail, alors, pour lui proposer mes richesses.
Non sans commencer par quelques phrases qui disaient en substance "Comment vas-tu ? j'espère que tu tiens le coup pendant cette deuxième année, et que tu gardes courage. Moi, j'ai démissionné."
Croyez-vous, alors, que de l'enthousiasme ait pu naître de ce coeur mollasson ? Eh bien non. A part un "Salut" en lettres majuscules (mais c'était sûrement un problème de frappe), une réponse morne et molle. Moui, pourquoi pas, il faudrait qu'elle voie. Elle était "contente" d'avoir de mes nouvelles. Contente. Je t'en foutrais.
Trois mois plus tard, à savoir aujourd'hui même, comme j'avais oublié de répondre j'étais débordée par toutes sortes de choses, je reçois un texto. "Salut. J'avais bien reçu ton mail. On peut se voir sans problème, je pense que ça t'arrange sur paris. La semaine prochaine."
Intriguée et, je l'avoue, assez enthousiasmée par ce ton d'agent secret sur ces derniers mots, j'en ai déduit que la miss était admissible. Quelques heures plus tard Derechef, je l'ai donc informée que les documents en question étaient très volumineux et que je n'allais pas non plus me crever le cul à porter douze mille kilos pour quelqu'un dont je n'ai rien à foutre cela m'était difficile de tout transporter. Qu'elle avait donc deux solutions : attendre que je lui fasse une liste et qu'elle me dise ce qui l'intéressait, ou alors passer chez moi.
Elle a répondu dans la minute : elle sera très contente de passer chez moi.
La nouvelle du jour donc : JE VAIS REVOIR MA COPINE MOLLE !!!!
Et je crois que ça va être très drôle.
[Et oui, une part de moi culpabilise.
Mais ça n'arrange rien.]